Fumeuse, intrigante voire inquiétante la multiplication récente de nouveaux clercs dans leurs chapelles parfois dogmatiques, souvent prétentieuses et sures d’elles même pour décrire une réalité touristique à leur yeux fort insatisfaisante et prétendre la changer via de nouveau concepts et produits dans l’air du temps tels le « Tourisme équitable », le « Tourisme éthique », le « Tourisme solidaire », « Tourisme durable ». Intentions louables dans leurs fondements à priori – je suis comme eux, j’aspire pleinement en intentions et en actes via mes pratiques touristiques à la paix dans le monde, l’éducation, la richesse et la santé pour tous les humains dans un environnement préservé de la folie des hommes sauf que choisir de s’autocélébrer et se présenter comme adeptes et promoteurs du « Tourisme éthique », « Tourisme équitable » ou « Tourisme solidaire », « Tourisme durable », revient par la même à créer les catégories opposées - par lesquelles les non-adeptes de la "bien faisance" touristique sont par oppositions et non adhésion censés se caractériser et se ranger logiquement.
Ceux qui n’ont jamais acheté de leur vie un produit labellisé et auto-proclamé « Tourisme éthique », « Tourisme
équitable » ou « Tourisme solidaire », seraient donc des vacanciers adeptes du « Tourisme immoral », « Tourisme égoïste » ou « Tourisme inéquitable» , « Tourisme éphémère »? Créer et promouvoir ces notions en mon sens moralisantes revient à désigner les « purs » et les « nobles » d’âme et d’action d’un coté et les « salauds » et « vils » de l’autre. Mais que fait le parlement, que fait la police ? Si les soucis dénoncés par certaines de ces nouvelles mouvances touristiques n'étaient pas aussi graves, le "Code du Tourisme" n'aurait-il pas changé radicalement la donne à coup de Lois, Décrets contraignants et peines sévères ? Puisque non, j'en déduis que l'heure n'est pas si grave...je fais encore confiance en la sagesse du Parlement et réalisme de la Justice... Souvent, je rêve de poser les questions suivantes à certains activistes de la noble cause moralo-touristique. Dans leurs réponses (ou plutôt non-réponse), l'euro-centrisme joue souvent à plein.
- Les militants d’un tourisme chez l’habitant en Mauritanie ouvrent-ils la porte de leur appartement parisien aux touristes coréens ou émiratis de passage ?
- Les tentes de SDF sur les bords de Seine à 300m du « George V » suscitent-elles les mêmes indignations que les favelas à proximité du centre ville de Rio ?
- Les militants du droit à la découverte du monde pour tous, mettent-ils en œuvre des systèmes de financement de vacances dans l'occident riche pour papous ou roumains peu fortunés ?
- Les moralisateurs stigmatisant le tourisme sexuel entre adultes consentants à l’étranger ont-ils bien mesuré la réalité du tourisme sexuel international dans l’économie touristique parisienne, de la ville d’eau de Châtelguyon ou du camping des Flots Bleus à Palavas ?
- Les acheteurs de « packages » certifiés tourisme éthique et durables en forêt amazonienne ont-ils traversé l’Atlantique en kayak ou en montgolfière pour limiter au mieux l’émission de Carbonne ?
Dans les années 30, mon grand père alors pauvre paysan avec une famille à nourrir dans les Alpes fermées au monde extérieur et aux modes de vie rétrogrades, a fait le choix de changer radicalement sa vie en une génération à peine pour être acteur à pleines dents du tourisme de masse globalisé et pour grande partie financé et piloté par des pays voisins alors beaucoup plus riches. Pour ma part, je ne suis pas né comme mon père dans une ferme misérable mais dans un hôtel. Deux générations plus tard, je pense donc toujours à lui avec grand respect et reconnaissance lorsque au nom de l’éthique, de la durabilité, de la préservation d’us folkloriques et des modes de vie traditionnels j'entends encore parfois quelques nouveaux Ayatollahs de la « bien-pensance » touristique qui déballent leurs grands principes moralisateurs pour ceux qui tombent dans leurs pièges culpabilisants. Merci grand père - j'adore ce que ton village www.lesgets.com est devenu et m'a permis d'être.
L’enfer est pavé de bonnes intentions…
« La valeur des vacances, c’est la vacances des valeurs " Edgar MORIN