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Ze blog off/de Philippe Mugnier-Eté

Le tour du monde des iconoclastes - épisode 1 : PARAJANOV, le dingue magnifique d’Arménie

Publié le 27 Décembre 2008 par philippemugnier dans Tour du Monde

L’âme iconoclaste de l’Espagne s’est illustrée via Dali, celle de l’Italie via Fellini, la Française via Cocteau. Complétons cette famille de doux fabuleux par un détour en Arménie. Et si la « movida caucasienne » qui prend son envol depuis quelques années avait commencée par Parajanov ? Coup de foudre au Musée Parajanov de Erevan/Arménie www.parajanovmuseum.am. Suivez le guide…. Né le 9 janvier 1924 à Tbilissi en Géorgie, mort le 20 juillet 1990 à Erevan en Arménie, Sergey PARAJANOV est un réalisateur qui fut controversé en Union Soviétique, mais très défendu et apprécié par les cinéphiles occidentaux. Sans connaître la langue de ses ancêtres arméniens, ni leur pays, Paradjanov va graduellement s’éloigner de la grammaire soviétique pour élaborer une œuvre cinématographique en prise directe avec les traditions des régions caucasiennes où il tourne. Artiste pluriethnique, musicien, plasticien, peintre, il doit en partie sa tournure d’esprit au fait que son père, Iossif Paradjanian, était antiquaire.

Un contact précoce avec les objets d’arts a façonné son imaginaire et son goût pour les collections. Il a inspiré sa pratique stakhanoviste des collages, qui tiennent à la fois de l’art conceptuel et du folklore naïf ; des films compressés en quelque sorte, que Paradjanov bricolait lorsqu’il ne pouvait pas tourner (en prison notamment). Sa vie et son art étaient mêlés. Sa maison familiale de Tbilissi, ouverte aux hôtes de passage, était un grand capharnaüm où s’entassaient décors, costumes et objets d’art hétéroclites. Ses films singuliers sont souvent influencés par la diversité ethnique de sa région natale le Caucase et mêlent réalité sociale, folklore, légendes et chamanisme. Si cet artiste hors catégorie jouit alors d’une certaine notoriété, c'est moins pour son œuvre que pour son statut politique. En décembre 1973, les autorités soviétiques le condamnent à cinq ans de travaux forcés. Paradjanov

fait la une des journaux lorsqu’il est incarcéré en Ukraine en 1974 pour « commerce illicite d’objets d’art, homosexualité et agression sur la personne d’un fils de dignitaire du régime », les médias, les comités se mobilisent (en France, Yves Saint-Laurent, Françoise Sagan, et surtout Louis Aragon, montent au créneau). Le pouvoir reproche implicitement au cinéaste de promouvoir le nationalisme. À l’époque, il a déjà tourné l’essentiel de son œuvre : six longs métrages. Il ne passe que quatre ans en prison. Au sortir de sa détention, il réalise des collages et produit un grand nombre de dessins abstraits. Mais il sera à nouveau incarcéré. Ses divers séjours en prison s’achèvent en 1982. Il en revient malade (diabétique, cancéreux). Mais, soutenu par plusieurs intellectuels, il réussit à tourner deux films : La Légende de la forteresse de Souram (1985) et Achik Kérib (1988). La Légende de la forteresse de Souram est tirée d’une nouvelle du Géorgien Daniel Chonkadzé selon laquelle une forteresse ne peut être sauvée de la ruine que si un homme y est emmuré. Achik Kérib, tiré d’une nouvelle du poète russe Mikhail Lermontov, rappelle les contes des Mille et une nuits : un jeune troubadour pauvre tombe amoureux de la jolie fille d'un riche marchand. Pour pouvoir l’épouser il décide de faire fortune en parcourant le monde… Vous voulez sentir et comprendre le Caucase éternel tout autant que  l'Arménie cosmopolite ? Le Musée Parajanov doit être votre première visite dès votre sortie de l'aéroport de Erevan !

 

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Cachez moi ce sein que je ne saurais voir…

Publié le 9 Décembre 2008 par philippemugnier dans Politique

Je dois l’avouer, je suis un grand nostalgique des billets de 100 francs qui circulaient encore jusqu’en 2002 dans le monde entier avec la Marianne de Delacroix guidant le peuple vers la liberté. Par sa monnaie et son billet de 100 balles à la poitrine dévêtue, généreuse et décomplexée, la France exprimait alors ses valeurs de liberté et laïcité sans concessions. Quel plaisir que de penser que les plus prudes, conservateurs et intégristes ne refuseraient pas ce billet de fortune. L’argent n’a pas d’odeur…mais ses symboles véhiculent des valeurs et une posture de la France sensuelle. L’Hexagone revient là à ses fondamentaux identitaires et se trouve ré-énergisée pour conquérir le monde et propulser son idée de la féminité assumée et libérée et de la liberté proposée au monde globalisé. Depuis, de sinistres ponts et portes ont remplacé sur l’Euro les personnes jadis animées de pulsions révolutionnaires.

Plus proche de nous, février 2008, la CarlaBrunimania est à son comble et les 2 tourtereaux présidentiels se disent oui pour la vie. La France s’est retrouvée une nouvelle Marianne de la féminité, de l’élégance, de la générosité.  La communication d’Etat nous présente alors une République s’incarnant de nouveau via une Marianne libre, authentique. Le 19 juin 2008, Hervé NOVELLI, sous-ministre du tourisme peu connu pourtant pour ses positions libertaires présente avec fierté lors de la grande messe des Assisses Nationales du Tourisme  le nouveau logo d'Atout France, organisme d’Etat chargé de promouvoir l’Hexagone touristique à l’étranger. Une campagne internationale est annoncée pour l’automne. Les plus républicains se réjouissent d’imaginer la France promue dans le monde entier dont les pays les plus réactionnaires, à travers cette image réaffirmée d’une France féminine et affranchie via une Marianne sexy invitant au « Rendez-vous en France ». Le graphisme ne

laisse place au doute : la France revient à sa Marianne d’origine, seins à l’air. Dans le logo réalisé par l’agence Carré Noir, on y voit en effet une Marianne – symbole féminin de la République française – regardant vers l’avenir, mais surtout nue pour qui sait bien regarder. La lettre F de France avec la barre de la lettre R forment son bras droit ; les traits arrondis du R, son sein droit vu de profil ; la A, son sein gauche vu de face ; et le N, son bras gauche. En-dessous, figure le slogan évocateur «Rendez-vous en France». Le groupe de travail composé de professionnels du tourisme et de la communication a tout d’abord organisé une réunion de réflexion pour déterminer les valeurs qui rendent la France unique. Résultats : la liberté (indépendance, créativité, imagination, audace, spontanéité, multitude de possibilités) ; l’authenticité (histoire, patrimoine, culture, naturel, vrai) ; la sensualité (plaisirs, hédonisme, épicurisme, amour, intensité, intuitivité, passion, féminité). 

Patatra, le 12 septembre 2008, le chanoine du Latran Sarkozy accueille Benoit XVI et la France, fille aînée de l’église bascule dans une ambiance d’encens et d’eau bénite des plus envahissantes. Le 24 novembre 2008 jour du lancement de la campagne internationale d'Atout France, abracadabra, Marianne redevient prude et hasard (?) de la

communication gouvernementale, l’agence de publicité ayant du revoir sa copie, les nichons de la république ont disparus ! Les prudes ont gagnés. Du côté d'Atout France, aucun commentaire sur ce virage en communication sinon le besoin de réagir au tollé des professionnels. La France a du changer entre-temps. Il est vrai que la Marianne préférée de notre Président est Mireille MATHIEU. Place de la Concorde, on est bien loin des performances de Janet JACKSON qui ont déclenché les foudres de culs-bénits américains. Vraiment, je suis nostalgique des billets de 100 francs – depuis, les couleuvres du politiquement correct globalisé ont été avalées, l'autocensure règne et la République est retournée s'habiller.

 

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