Le tourisme est une industrie merveilleuse… Elle n’a de cesse d’inventer de nouvelles beautés sans lesquelles l’Homme ne pourrait construire et éduquer son sens du Beau, du Noble, du Vrai, de l’Héroïque. Il y a encore quelques années, la découverte touristique était une révision, illustration ou approfondissement « en réel » et sur le terrain de nos cours oubliés et biens enfouis de géographie, géologie, botanique, histoire, architecture ou encore politique. Les vacances d’alors avaient un goût d’après classe et l’instituteur était remplacé par le guide à casquette. Toute visite était alors prétexte à se confronter par la pierre à la réalité passée des Grands Hommes, des Grands Faits, des Grandes Œuvres de l’art et des techniques et de la magie réelle de la nature. Désormais, le jeune touriste devra avoir fait un petit détour par « Voici », « Paris Match » et le « Journal de 20h » pour bien comprendre ce que ses parents veulent lui montrer en vacances parmi les nouvelles beautés incontournables de ce monde. Le voyageur Ulysse, désormais imbibé par l’industrie envahissante de l’entertainment et de la « pipolisation » du monde trouve désormais ses héros où il peut – dans les magazines chez son coiffeur s’il n’a
les moyens de voyager ou alors sur les lieux que l’industrie du tourisme désormais « pipolisée » à grand renforts de publicité. Magie du tourisme, chaque lieu de ce monde peut devenir un must touristique par la puissance de l’industrie de l’imaginaire et du futile. Le poème se déclame maintenant ainsi : Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage et comme cestui là s’est exalté en découvrant le « Pont de Rivière Kwai » de Steve McQueen au Sri Lanka, a joggé sur le même chemin que Sarkozy à Brégançon, a retrouvé avec émotion le lavoir de la Mère Denis dans le Morbihan, à joué à Passepartout à Fort Boyard en Charente, a crapahuté dans les volcans de la pub Volvic, a retrouvé l’hôtel de l’île Maurice sur la plage duquel Emmanuel Béart a dévoilé sa poitrine à la France entière,
a retrouvé le pont du village de Bergues à partir duquel le facteur Ch'Ti Dany Boon a pissé dans la rivière, a savouré les paysages de Patagonie dans lesquels Florent PAGNY exerce sa liberté de penser, a remplacé le guide Michelin par la prose DaVinci Codienne pour la découverte des grands monuments parisiens, à navigué dans l‘lndochine de Catherine Deneuve… (ou de Marguerite Duras pour les plus cultivés),…A côté des merveilles bien réelles qui visiblement ne suffisent plus à satisfaire les touristes, l’industrie avait déjà inventé le commerce du souvenir de pacotille. Désormais, l’objet du tourisme est aussi de visiter des pacotilles. Le show-business est désormais le meilleur allié de l’industrie des voyages.